Georges Bernanos - La France contre les Robots
La France contre les Robots
Georges Bernanos
Description
Bernanos Georges – La France contre les Robots : Nous assistons, écrit Bernanos, «…à la naissance d’une civilisation inhumaine qui ne saurait s’établir que grâce à une vaste, à une immense, à une universelle stérilisation des hautes valeurs de la vie. … Rivé à lui-même par l’égoïsme, l’individu n’apparaît plus que comme une quantité négligeable. … Le progrès n’est plus dans l’homme, il est dans la technique, dans le perfectionnement des méthodes capables de permettre une utilisation chaque jour plus efficace du matériel humain. …
«Or, le système n’est pas du tout l’œuvre des savants, mais celle d’hommes avides qui l’ont créé pour ainsi dire sans intention – au fur et à mesure des nécessités de leur négoce. On connaît le mot de Guizot: «Enrichissez-vous!» … La lutte féroce des égoïsmes était la condition indispensable et suffisante du progrès humain. … Lorsque [les marchands] trouveront devant eux des concurrents, vous les verrez contempler d’un œil sec les plus effroyables carnages; l’odeur des charniers ne les empêchera pas de dormir. Bref, le jour où la superproduction menacera d’étouffer la spéculation sous le poids sans cesse accru des marchandises invendables, vos machines à fabriquer deviendront des machines à tuer, voilà ce qu’il est très facile de prévoir. … Je ne tire aucune satisfaction d’amour-propre à vous dire que notre société est en train de crever, parce que cela se voit très clairement à sa mine. … Obéissance et irresponsabilité, voilà les deux Mots Magiques qui ouvriront demain le Paradis de la Civilisation des Machines. … Voilà longtemps que je le pense, si notre espèce finit par disparaître un jour de cette planète, grâce à l’efficacité croissante des techniques de destruction, ce n’est pas la cruauté qui sera responsable de notre extinction … mais bien plutôt la docilité, l’irresponsabilité de l’homme moderne, son abjecte complaisance à toute volonté du collectif.»
«Un demi-siècle après Bernanos, nous pouvons témoigner qu’il a dit vrai, nous pouvons même nous avancer encore plus loin que lui: l’ennemi le plus implacable et le plus destructeur de toute vie de l’esprit, c’est le capitalisme industriel. … Mais le fait est que La France contre les robots devrait être mieux compris à l’aube du XXIe siècle qu’au milieu du XXe et que Bernanos est bel et bien le plus grand prophète de ce que j’appellerai l’écologie spirituelle.»