Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe ou la Croisade et le Bon Vieux Temps
Le Moine et le Philosophe ou la Croisade et le Bon Vieux Temps
Ricard Saint-Hilaire
Description
J’ai vu la calomnie, le meurtre, l’assassinat réunis sous les prétendues bannières des lys et de la religion, poursuivre, égorger les citoyens, sans pitié pour l’enfance, la vieillesse, le sexe, la beauté ; les égorger devant les temples de la justice et de la Divinité, devant les palais de l’administration, toutes vainement invoquées par le cri et le sang des victimes. J’ai vu l’incendie dévorer les guérets ; j’ai vu les maisons démolies, la terre des tombeaux fouillée et les ossemens des hérétiques jetés pour dernière proie aux défenseurs de l’autel et du trône. Tandis que les uns, semblables aux vampires, s’acharnaient sur les cadavres, les autres, et parmi eux des enfans et des femmes plus affreuses que les sorcières de Machbeth, les mains entrelacées, dansaient autour des assassins et des morts, prédisant de nouveaux forfaits, invitant par des cris féroces Dieu et le Roi à la joie de leurs horribles festins ; et, tout à la fois, vomissant contre eux les plus abominables injures. Dieu, s’écriaient-ils, parlait à son peuple pour lui ordonner le massacre et l’extermination. Dieu se fit homme pour demander le sang des hommes ; et le Roi !… Prince auguste, que n’avez-vous entendu leurs blasphêmes !…