Adolphe Retté - Lettres à un indifférent
Lettres à un indifférent
Adolphe Retté
Description
Quelques années avant la guerre, au milieu de septembre, je fis une excursion en auto avec un ami âgé de trente-cinq ans environ. Je l’avais rencontré à l’hôtellerie d’une communauté de Bénédictins exilée en Belgique depuis l’époque où l’athéisme officiel baptisa défense laïque une crise de rage antireligieuse.Aux offices, nous nous trouvions côte à côte ainsi qu’au réfectoire. Comme nous étions les seuls retraitants, il arriva que, pendant les récréations nous échangeâmes des propos qui me prouvèrent qu’il possédait une forte culture littéraire. D’ailleurs il gardait toujours, sous son bras ou dans la poche de son veston, un exemplaire de la Divine Comédie. Je remarquai que ce poème constituait sa lecture unique à l’exclusion de tout livre de piété. Il le feuilletait à la chapelle où il me parut qu’il ne priait pas. Il l’annotait dans sa cellule tandis que le missel dont le Père hôtelier l’avait muni, comme moi, demeurait immuablement fermé.