Delly - Les heures de la vie
Les heures de la vie
Delly
Description
Sous les doigts de Phyllis, les phrases lentes d’un nocturne se développaient dans le silence de la grande pièce aux boiseries grises où s’introduisait le crépuscule. Celui-ci voilait de son ombre légère les meubles vieillots, laqués, jadis blancs et devenus d’une indécise nuance grisâtre, la soierie des sièges, grise aussi, à rayures de soie verte un peu fanée, le petit lustre de cristal, la grande cheminée avec sa pendule et ses candélabres dont les bronzes étaient d’un si joli travail et si délicatement patinés par le temps. La blancheur d’un biscuit de Sèvres, sur la petite console placée entre les deux fenêtres, s’enlevait encore sur la teinte de cendre qui commençait de couvrir toute la pièce. Parfois, dans l’âtre, un peu de flamme jaillissait des tisons à demi consumés, éclairant fugitivement deux visages pensifs : celui de Mme Chardolles, large et paisible, au teint resté frais en dépit des soixante-dix ans sonnés ; celui du colonel Pardeuil, maigre, parsemé de rides, animé par la vivacité du regard encore jeune dans cette physionomie de vieillard.