René Benjamin - La farce de la Sorbonne
La farce de la Sorbonne
René Benjamin
Description
Aux yeux de beaucoup d’esprits, qui traînent des convictions comme de vieilles habitudes, la Sorbonne reste une des gloires de la France. C’est un fétichisme qui me surprend, car ma mémoire ne garde de mes passages dans cette maison-mère de l’Université, que des images sans aucun sérieux.Du lycée où l’on m’instruisit, c’est-à-dire où je transcrivais sur des cahiers ce qui était imprimé dans mes livres, on m’expédia pour la première fois à la Sorbonne vers mes quinze ans, afin que je prisse part à ce qu’on appelait pompeusement le Concours Général. J’en revois tous les détails avec l’exactitude qu’ont les souvenirs de nos grands étonnements. Rendez-vous à sept heures du matin, rue Saint-Jacques, devant la Tour universitaire qui ressemble à celle de la gare du P.-L.-M. Là s’assemblaient les meilleurs élèves des meilleurs lycées. Ils parlaient fort, brandissaient des dictionnaires importants ; ils me choquaient tous par leurs échanges de vanités ; et je me trouvais soudain une sympathie secrète pour les cancres, si modestes.