Antonin Artaud - Poèmes
Poèmes
Antonin Artaud
Description
Artaud Antonin – Poèmes : Le trajet, en vers, d’un poète qui, le plus souvent, rejeta la versification. Après ses premiers poèmes influencés par Mallarmé et l’unanimisme, Antonin Artaud, refuse de corriger ce que certains, dont Jacques Rivière, considèrent comme des étrangetés voire des maladresses et revendique la vérité de son être, de son esprit et l’incapacité d’atteindre vraiment à fixer la pensée dans les mots.
« Il y a donc un quelque chose qui détruit ma pensée ; un quelque chose qui ne m’empêche pas d’être ce que je pourrais être, mais qui me laisse, si je puis dire, en suspens. Un quelque chose de furtif qui m’enlève les mots que j’ai trouvés, qui diminue ma tension mentale, qui détruit au fur et à mesure dans sa substance la masse de ma pensée… » Antonin Artaud fera de son impuissance à faire une « œuvre » formelle et cohérente l’axe même de son œuvre, et de sa « personnalité critique » son unique objet poétique. Il sera le poète du manque et de la séparation de soi-même.
En s’inventant dans l’écriture, Artaud s’est fait lui-même le créateur du mythe Artaud. Et la construction de ce mythe n’est pas dissociable de son expérience de la coupure, que la clinique désigne comme schizophrénique. Une entreprise de fusion à haut-degré d’une crise vécue intérieurement et d’une écriture qui l’exhibe est sans doute ce qui fait désormais d’Antonin Artaud, dans l’imaginaire collectif, une sorte de saint poétique, ainsi que l’a noté Michel Foucault (Histoire de la folie à l’âge classique, 1961). S’il rejette les vers, et même de vers libres au sens des symbolistes, l’exigence de vérité en matière de langage dénonçant toute forme préétablie comme un des faux-semblants de la littérature, il écrira cependant encore à côté de ses textes majeurs (Les Pèse-Nerfs, L’Ombilic des limbes), des poèmes que nous vous proposons ici : « Je suis témoin, je suis le seul témoin de moi-même. »